Editorial de l’Arche



Heureux !

Chaque année, la Toussaint revient accompagnée de l’ambiance particulière de l’automne : les feuilles tombent, la nature entre doucement dans son sommeil saisonnier ; le ciel s’obscurcit et apporte le vent et la pluie, la nuit finit par l’emporter sur le jour. Le mois de novembre porte l’invitation à prier tout particulièrement pour nos défunts, à porter leur mémoire devant Dieu, et à demander pour eux la grâce des grâces, l’entrée dans la pleine lumière de Dieu, la joie de le contempler face à face, la paix de vivre éternellement en sa présence, libéré de tout mal, de toute souffrance et de toute servitude.

Se souvenir de tous ceux qui nous ont quittés, évoquer la mort, ce n’est pas rajouter de la peine à cette saison déjà maussade. Au contraire ! C’est plutôt apprendre à vivre notre propre vie sous le signe de l’Espérance, cette vertu théologale (c’est-à-dire une disposition stable de l’âme qui est un don de Dieu et dont l’exercice nous rapproche de Dieu) que l’Église nous a donnée comme boussole pour cette année jubilaire. L’Espérance est une certitude appuyée sur les promesses de Dieu – aussi certaine que le soleil brille au-dessus des nuages de Novembre – et qui nous permet de « traverser les ravins de la mort sans craindre aucun mal » (Psaume 23).

Sur ce chemin, nous sommes précédés de la foule innombrable des saints, de tous ceux qui ont achevé leur course et que nous fêtons dans une même célébration ce 1er novembre. Ceux que l’Église qualifie de bienheureux ont modelé leur vie sur l’Évangile des Béatitudes proclamé en ce jour, avec son refrain : « Heureux, heureux, heureux ! » Qu’ont-ils de plus que les autres ? Peuvent-ils, en ces temps, nous révéler leur secret du bonheur ?

Chacune des Béatitudes exprime une facette, un reflet de la manière dont Jésus, le Saint par excellence, a vécu sa vie d’homme ici-bas. On peut dire que Jésus était parfaitement heureux, car son cœur humain était parfaitement accordé avec sa mission divine, accordé avec le Père des cieux. La dernière parole prononcée sur la croix, « Tout est accompli » exprime bien ce à quoi chacun de nous aspire : de pouvoir un jour quitter ce monde avec le sentiment d’y avoir déployé notre vie à la mesure du don reçu de Dieu, par-delà les difficultés et les souffrances de cette « vallée de larmes » (prière du Salve Regina).

Célébrons donc la Toussaint comme le rayon de soleil qui transperce le ciel gris de novembre en osant chercher notre bonheur en Dieu, en mettant notre joie dans notre fidélité, en désirant par-dessus tout le bonheur du ciel.

Abbé Arthur Auffray, curé

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