Editorial de l’Arche



André Frossard était journaliste. Son grand-père était juif, sa mère était protestante, et son père était secrétaire du parti communiste. Il a été élevé en athée. Un jour il est entré chercher un ami dans une église. Il raconte qu’il en est sorti catholique, apostolique et romain. « J’aurais été plus étonné si, en visitant un jardin zoologique, j’étais sorti devenu girafe. »

Il a écrit dans son livre Dieu existe, je l’ai rencontré : « Nos intellectuels sont toujours disposés à douter de la vérité, mais jamais de l’erreur ».

Ce récit brévissime de conversion fait penser aux disciples d’Emmaüs le soir du dimanche de la résurrection. Ils étaient dépités, chagrinés. Jésus les rejoint sur la route sans qu’ils le reconnaissent. Il s’intéresse à eux et les tire de la langueur. Quand ils ont terminé leur histoire, Jésus s’exclame : « Ô hommes sans intelligence et lents de cœur pour croire à tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur explique les textes messianiques de l’Ancien Testament. L’exégèse des prophéties les intrigue à tel point qu’ils invitent Jésus à passer la nuit chez eux.

« Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Saint Jean-Paul II a écrit : « Sur la route de nos interrogations et de nos inquiétudes, parfois de nos cuisantes déceptions, le divin Voyageur continue à se faire notre compagnon pour nous introduire, en interprétant les Écritures, à la compréhension des mystères de Dieu… Quand la rencontre devient totale, à la lumière de la Parole succède la lumière qui jaillit du ‘Pain de vie’, par lequel le Christ réalise de la manière la plus haute sa promesse d’être avec nous ‘tous les jours jusqu’à la fin du monde’ » (Mt 28,20).

Le monde entier est devenu un Emmaüs universel : une constellation de tabernacles est à notre disposition, où Jésus ressuscité réchauffe le cœur des croyants. « Est-ce que notre cœur n’était pas brûlant en nous, lors-qu’il nous parlait sur le chemin, tandis qu’il nous dévoilait les Écritures ? »

Jésus ne s’impose pas, mais il nous attend avec une patience infinie dans l’Eucharistie.

Saint Jean-Paul II écrit encore : « Il est significatif que les deux disciples d’Emmaüs, bien préparés par les paroles du Seigneur, l’aient reconnu, alors qu’ils étaient à table, au moment du geste simple de la ‘fraction du pain’… L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réa-lise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde. »

Passer du temps devant le Saint Sacrement est un remède super-efficace pour chasser la tristesse lorsque nous nous trouvons découragés par nos échecs et notre manque de foi. Tout comme André Frossard, nous repartirons forts dans la foi et non pas en forme de girafes !

Père Dónal

 


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